mardi 25 février 2014

Le grand eucalyptus médicinal


L’eucalyptus médicinal ou Gommier bleu




C’est un arbre que l’on ne remarque pas tout de suite lorsqu’on est enfant tant il est grand. On peut passer près de lui sans le voir, il ne fait pas d’ombre au jardin  et sa ramure   fantasque  si haut perchée se signale seulement les jours de grand vent.

Le jardin de mon enfance en  abritait un dont les troncs jumeaux s’éloignaient l’un de l’autre  à mesure qu’ils s’élevaient vers le ciel. Il n’attira pas mon attention tout de suite, mes observations et mes joies enfantines restant au ras des petites fleurs bordant les  allées.

 

Mon père nous le  présenta avec respect : “c’est un médicinal !”
Il avait dû apprendre la particularité de notre eucalyptus auprès du voisin , pharmacien à la ville. Il nous expliqua que ce arbre venue d’Australie soignait les fièvres, chassait les moustiques, et sauvait des familles entières de la bronchite catarrheuse.

C’est avec respect et admiration que je rendis visite quotidiennement à l’arbre médecin.
Après quelques semaines de rencontres régulières, il me parût assez familier  et je pris un plaisir particulier à l’enserrer de mes deux bras en renversant la tête vers son sommet. Cela me procurait une sorte de vertige assez agréable.

Plus familièrement,  je caressais les troncs puissants  dont l’écorce fine pelait en fin lambeau. J’aimais les arracher doucement,  pour laisser apparaître la peau neuve et blanche encore un peu humide. En se détachant, l’écorce faisait le même bruit que le sparadrap collant qui ornait en permanence mes genoux, lorsque je le tirais précautionneusement. (FAIRE LE PARRLLÈLE AVEC MES CROUTES DE GENOUX)   

Plus tard, enhardie par sa fréquentation quotidienne, je décollais un peu l’écorce avec mon canif, pour ensuite la tirer d’un coup sec en la soulevant jusqu’à hauteur de ma tête, détachant sauvagement sa vieille peau rugueuse. Je me fabriquais alors des bracelets sauvages, d’un bout d’écorce roulée, fermée d’une brindille piquée dessus  - dessous.

Avec ses fruits, en forme de petite toupie, d’un vert pruiné, comme saupoudré de farine, je confectionnais des colliers barbares en les nouant l’un après l’autre sur un cordonnet. La parure, odorante et  poisseuse faisait son petit effet  sur mes cousins facilement admiratifs.
Autour du tronc de l’eucalyptus, rien ne poussait, même les puissantes acanthes se tenaient à distance respectable et je pouvais, à loisir, inventer des danses tribales autour de son tronc bifide.
Le grand sorcier couvrait le sol alentours des feuilles ôtées à sa coiffe de verdure,   empoisonnant le sol de leur essence balsamique. Aucune petite fleur, aucune herbe ne s’avanturait à  germer à ses pieds.  Royal et solitaire, il marquait ainsi  son territoire, décourageant d’avance toute promiscuité.
Une nuit d’hiver, un mistral terrible souffla toute la nuit.  Une sorte de miaulement gigantesque suivit de frottements sourds et angoissants réveilla toute la maison. Quelle bête malade, quel oiseau étrange , quel chat amoureux, pouvait gémir avec autant de désespoir et de constance ?
A vrai dire, nous n’étions pas très fiers et mon père vérifia plusieurs fois la fermeture des portes de la maison.


Au matin, le mistral n’avait rien perdu de sa vigueur. Le ciel  balayé dans tous les coins, débarbouillé de toute trace  de nuage, était éblouissant de lumière. Dans sa folie ménagère, le vent du nord secouait avec force  l’eucalyptus. Les branches emmêlées par son ardeur, se débarrassaient à chaque bourrasque, dans une friction  sauvage, de leur lambeaux de vieille écorce, de leurs fruits secs, de leurs jeunes branches trop fragiles.
Manoeuvrées sans ménagement, elles s’entremelaient , puis se séparaient     dans un long gémissement presque douloureux.
C’était la plainte continue de l’arbre , tordu par le mistral qui avait troublé notre sommeil.
Au pied de l’arbre, un incroyable fouillis s’accumulait. Quelques branches mortes, quantité de brindilles, et surtout ce qui me fascinait , les lambeaux d’écorce roulés sur eux mêmes, desquamations odorantes , dépouille encore  tiède du combattant de la nuit.
Les fruits,  grosses capsules à quatre côtes, finissaient dans la vieille casserole à infusions qui mijotait sur le coin de la cuisinière.
Les feuilles en forme de faux,  avaient elles aussi un usage thérapeutique : déposées sur  le dessus du fourneau, elles se tortillaient, exsudant leur précieuse huile odoriférante qui nous protégerait de tous les maux pendant la mauvaise saison.

Malgré toutes ces précautions,  il pouvait arriver que l’un de nous  s’enrhume. Avant d’appeler le médecin, on ne le dérange pas pour rien, nous avions droit à l’inahalation de feuilles d’eucalyptus.
Une grosse poignée de feuilles fraîches brisées était mise à infuser dans un grand bol. La tête recouverte d’une épaisse serviette éponge, il fallait respirer avec application les exsudations grasses et un peu écoeurantes du bel eucalyptus. 
Lorsque malgré les soins, le rhume tournait à la bronchite, nous avions droit aux préparations pharmaceutiques du voisin. Il élaborait dans son officine, un sirop à base de thérébentine, d’eucalyptol et de bien d’autres essences inconnues. Une bouteille de verre blanc au bouchon vissé  contenait le précieux sirop ambré. Une étiquette d’écolier portait à l’encre violette le nom du malade et le n° de référence de la composition magistrale.
A vrai dire, ce breuvage était réservé aux adultes, mais dans les cas sérieux, il nous était permis d’en siroter quelques cuillers. Souvenir brûlant et parfumé à la limite de l’écoeurement. J’avais l’impression d’avaler la sève de l’arbre tout entier. Nous préférions tout de même cette médication exceptionnelle à l’humiliant   traitement  par suppositoires à l’eucalyptol.


Un hiver, le gros vent d’est souffla  avec violence. Au matin les bourrasques avaient fait silence et cédé la place à la pluie. Le jardin silencieux se remettait de sa folle nuit. En sortant de la maison, nous vîmes l’étendue du désastre. Un des troncs jumeaux de l’eucalyptus, le plus étoffé à sa cime, touchait  terre. Tordu, déchiqueté  à mi-hauteur, il dénudait une chair aux fibres longues et tendres. Il n’avait pas cassé, mais après une nuit de lutte, lui qui tenait tête au Mistral, avait cédé aux coups de butoir de la tempête d’Est. Encore retenu par sa chair effilochée, il pendait lamentablement jusqu’au sol.
Mon père entrepris la coupe du tronc , à deux mètres du sol, bien au dessous de la blessure fatale. Le bois  se laissa tronçonner facilement bien que sa sciure encrassa vite les dents de la scie. Le tronc dépecé, les morceaux furent brûlés  le soir même dans la cheminée. La sève bouillonnait et moussait    aux extrémités de la bûche en gémissant, comme un reproche à notre empressement.

Mon arbre avait une drôle d’allure après cette amputation. Au  printemps suivant, de drôles de bourgeonnement cernèrent le moignon. Des feuilles rondes et grises se développèrent comme pour camoufler la plaie. En une saison, les tendres pousses étaient devenues de solides  branches de plus de 3 m !
Ses feuilles  rondes et argentées faisaient place au cours de la croissance    à d’autres,  lancéolées, étroites et aiguës, courbées à la façon du fer d’une faux. La couleur métallique  de ce feuillage toujours agité se découpait violemment sur le bleu naïf du ciel.
En plein été, lorsque le soleil cuisait tout le jardin, il  n’offrait même pas d’ombre à ses voisins. Les feuilles pendantes,  luisantes d’huile intimement suintée, se tournaient suivant la course du soleil , n’offrant que leur mince profil afin de limiter leur déshydratation.

J’avais observé sa continuelle floraison au sommet : bouquets de curieuses fleurs blanchâtre dont l’éclosion commençait dès décembre. Le bouton floral, en forme de petite toupie , d’un vert pruiné comme saupoudré de farine. Le calice,  s’ouvrant comme une  petite boite,  projetait son opercule, libérait alors un gros bouquet d’étamines soyeuses. Le sol était parsemé  de petits couvercles pointus recouverts d’une pruine grise odorante. Les abeilles, en mal de butin en cette saison, s’acharnaient à piller en un ronronnement continu  ces fleurs exotiques. Au sol, un tapis d’étamines brisées témoignait de leur ardeur au travail.

J’aimais déjà cet arbre et j’appris à le connaître.
L’eucalyptus est une introduction  de fraîche date. Il était arrivé sur la Côte d’Azur seulement un petit siècle avant moi et pourtant on le trouvait déjà dans tous les jardins   où ses vigoureuses racines pompaient avec avidité  les eaux usées  s’écoulant dans les puits perdus.
Avec une belle santé, il  cabossait bien vite les allées de ses racines cagneuses et soulevait avec sans gêne les l’enpierrement des terrasses à la recherche d’un peu d’humidité. On lui pardonnait ses excès car il était considéré comme un arbre “antiseptique”. La grande transpiration de son feuillage immense soumis à une lumière intense était reconnu pour assainir l’air et chasser les moustiques inoculateurs des fièvres paludééennes.
Le goût de l’exotisme aidant, on leur trouva bien vite un intérêt commercial. Les branches ornées de boutons floraux  furent collectées pour le commerce de la fleur coupée. Expédiées dans toute l’Europe, elles avaient un certain succès. De nos jours, on commercialise encore des bottes de tiges défeuillées dont les boutons immatures et pruinés de gris,   sont utilisés dans les bouquets de fin d’année.  Plantations pour feuillage jusqu’en Italie.




 

lundi 21 janvier 2013

Le Myrte


LE MYRTE


nom latin : Myrtus communis
famille : MYRTACÉES
Le myrte  donne au maquis tout son parfum lorsqu’au plus chaud du mois de juillet, il se couvre d’une floraison blanche et parfumée. Seule espèce européenne de la famille des MYRTACÉES , il s’apparente ainsi à l’eucalyptus (introduit sur la Côte d’Azur depuis environ 150 ans), au goyavier, au giroflier et au callistemon.
En Provence, le myrte pousse spontanément sur sol acide en compagnie de la bruyère arborescente et du  lentisque.
Sa fleur solitaire portée par une courte tige de 2 cm, prend naissance à l’aisselle des feuilles opposées, donnant à chaque extrémité des rameaux fleuris, l’allure d’un bouquet parfait. Son feuillage, au toucher, libère  une essence aromatique qui mêle l’orange et le girofle dans une amertume marine.
Ses feuilles, balsamiques, servent en tisane contre les affections des voies respiratoires.
En Provence, les sommités fleuries de la plante sont distillées pour la parfumerie. On en tirait une eau floral nommée joliment” l’eau d’ange”.
A la superbe floraison estivale succède une fructification  intéressante. Les baies sont d’un bleu violacé, plus grosses qu’un pois atteignent leur maturité en cours d’hiver. Les oiseaux s’en régalent, plus particulièrement les merles ce qui donne au pâté fait de leur chair un goût très fin.
En Corse, les nases destinées à capturer les langoustes étaient tressées avec des  branches de myrte pour la souplesse de son travail et sa résistance à l’eau de mer.
Le Myrte, consacré à Venus,  est le symbole de l’amour charnel. Les anciens s’en servaient pour couronner les amants heureux.  En Grèce, une superstition  veut que l’on ne passe pas près d’un myrte  sans en cueillir un rameau parfumé. ‘Les noceurs en portent à la boutonnière un rameau enrubanné de blanc et la mariée doit en être couronnée...’
Après la victoire, les romains se couronnaient seulement de myrte  lorsqu’ils n’avaient pas répandu de sang dans la bataille.
Sa devise pourrai être  ” l’amour, pas la guerre” ! cette plante pacifique mérite une place dans votre jardin.

AU JARDIN
Si votre jardin a un sol acide, essayez d’installer quelques buissons de myrte pour leur beauté et leur facilité d’entretien. Ils peuvent passer l’été presque sans eau, fleurissent alors que la chaleur freine toutes les autres éclosions,   de plus vous avez le choix entre différentes variétés :
    le myrte commun , myrtus communis, au feuillage toujours sain, d’un joli vert clair
    le myrte à feuillage cerné de crème, myrtus communis ‘Variegata’, joli toute l’année mais moins florifère.
    le myrte à petites feuilles, myrtus tarantina dont le minuscule feuillage vert très sombre se prêt si bien à l’art topiaire
    le myrte  à petites feuilles panachées,  myrtus  tarantina ‘Variegata’ au petit feuillage panaché de crème
    le myrte commun  myrtus communis ‘flore pleno’ à fleurs doubles, superbe mais beaucoup plus difficile à trouver. (photo)

Si par chance, le myrte pousse naturellement sur votre terrain, respectez le et dégagez le bois rouge de ses tiges souvent emmêlé de salsepareille.
Votre myrte fera en juillet un gros bouquet fleuri à hauteur des yeux et du nez pour votre plus grand plaisir.
Attention   -7° est son seuil ultime de résistance  en sol sec. 

SECRETS DE JARDINIÈRE :
en cuisine :
J’utilise les tiges du myrte pour enfiler des brochettes à ma façon, en laissant quelques feuilles à l’extrémité.  La cuisson, chauffant la brindille, communique à la viande ou au poisson embroché de myrte, un goût particulier très agréable.
J’ajoute à la cuisson en cocotte  du rôti de porc, une branche de myrte chargé de ses fruits . La viande prend ainsi un petit  goût de venaison .
 

Avec le myrte , je prépare un élixir d’amour 
J’attends qu’un premier petit froid d’automne fripe et blettisse  les mignonnes  baies   du myrte. Je cueille un beau bouquet de feuilles et de fruits que je fais infuser  dans un litre de bonne eau de vie. Pour adoucir le breuvage, je  fends un bâton de vanille qui dispersera sa semence noire dans l’alcool.
Je laisse passer un mois et je filtre soigneusement avant de mettre en carafe. Cette liqueur un peu sauvage est à déguster en amoureux au coin du feu. La charge sensuelle de sa symbolique transmise depuis l’antiquité, en fait un philtre d’amour à essayer....
Si cela ne marche pas, sachez que cette liqueur, plus prosaïquement,  aide les fonctions digestives ! Comment parler d’amour l’estomac embarrassé ....
Les fruits du myrte se consomment avant de boire pour conjurer l’ivresse !
Décoration :
Je cueille ses branches chargées de fruits pour mes bouquets d’automne. Le bleu de ses baies charnues offre un contraste heureux avec celles du  rosier  sauvage, du Cotoneaster  et du Nandina.
Ses feuilles séchées entrent dans la composition des pot-pourris.

“ On conjure l’ivresse si avant de boire , on absorbe la graine du myrte”

lundi 20 février 2012

Ma Provence

Ma Provence est littorale, un peu Côte d'Azur.
Mes parents avaient découvert la Provence au cours de leur voyage de noces en février 1939. Mon père était revenu avec des rêves de mimosas et d'orangers plein la tête. Il voulait vivre sous un ciel toujours bleu et un jour, c'est sûr, il s'installera en Provence...
Nous quittâmes notre banlieue parisienne au début du mois de juin 1948 pour prendre le train de nuit, le Paris-Méditerranée, qui nous amena 12 heures plus tard à destination.
De cette rencontre avec le midi, il me reste en mémoire la lumière, la chaleur et une excitation sans pareille. Il fallu faire plus d'un kilomètre à pied, sur une route toujours montante pour arriver à la maison. Le portail annonçait sur une plaque d'émail : "Villa Aimée 1902"
On devinait la maison au milieu d'une végétation exubérante : Une grosse villa de deux étages ornée d'un grand balcon de bois et d'une pergola.
Moi j'étais dehors sous les grands arbres, le nez en l'air, respirant à pleins poumons un air chargé d'odeurs inconnues. La lumière découpait crûment des feuillages exotiques sur un ciel bleu pur.
La vraie vie allait commencer et mon enfance serait méridionale.






Découverte.... Enfance curieuse
J'entre chez l'épicier. Devant la porte, le pot de géranium rosat, au parfum de rose et de menthe doit éloigner les mouches. Dehors, la lumière de juin est intense, l'air est très chaud et les cigales commencent leur hymne à l'été.
J'écarte le rideau de perles de buis qui tintinnabule à mon passage. Dedans il fait sombre et "ça sent" :
L'odeur forte vient de la moulinette à râper le parmesan fixée au comptoir, s'ajoute le relent juste un peu fétide du baril où les anchois en rangs serrés mollissent dans la saumure...
L'épicier plonge une louche en bois percée de trous dans le petit tonneau où les olives vertes flottent dans l'eau salée parfumée de fenouil et de criste marine.
Il la remonte doucement laissant gicler l'eau des trous de la louche : "Sers toi ! "
Dans la bouche, un petit goût délicieusement astringent,; l'olive cède sous la dent, juste un peu croquante.... J'avais 7 ans, je découvrais la provence avec curiosité.
Le goût de mon enfance ne sera pas sucré, mais composé des saveurs fortes et nouvelles : olives, pissaladière couverte d'oignons confits, poivrons écarlates, fougasse aux anchois et autres gourmandises.

samedi 12 mars 2011

La Violette

non vulgaire : Violette
nom latin : Viola odorata    
Famille : VIOLACÉES

La violette odorante aussi nommée violette des quatre saisons ou violette de tous les mois, parce qu’elle donne ses fleurs durant presque toute l’année, ne fut d’abord qu’une simple plante des champs, vivant à l’ombre des buissons et recherchée pour sa bonne odeur. Transportée dans nos jardins, les amateurs la recueillirent, la cultivèrent et la multiplièrent avec soin.  
C’ est une plante basse vivace, à rejets traçants . Les feuilles  sont en forme de coeur et légèrement gaufrées. Les fleurs portées par de longs pédoncules  sont simples, ou doubles pour celles dites de Parme.  La violette symbolise la pureté,  la discrétion,  le souvenir amoureux....  Vulcain, dieu forgeron, se parfuma à la violette  et réussit à prendre un baiser à Vénus....
En Méditerranée, cette petite fleur est utilisée depuis plus de 2000 ans pour son essence parfumée.   Dans le midi on la cultive encore  pour l’industrie des parfums. Les horticulteurs spécialisés dans cette culture s’appellent violettiers . Ils vendent les violettes en bottes aux fleuristes dès Octobre, puis  à la distillerie de Janvier à Avril. Jadis, les feuilles fauchées en fin de saison servaient  de fourrage. Les vaches donnaient après avoir brouté ce feuillage un lait délicatement parfumé.... 
Dans la Rome ancienne, lors de cérémonies et des fêtes, on   aromatisait le vin à la violette.  Une guirlande de ces fleurs,  posée sur la tête, était sensée rafraîchir et aider à la sobriété... Au XIXe siècle, l’extrait de violette entre dans la préparation des poudres, savons, vinaigres, extraits et cold-cream. On en parfumait aussi le tabac à priser mais pour beaucoup d’entre nous c’est le  doux parfum de la poudre de riz de nos grands-mères.
La confiserie  cristallise la fleur,   emprisonnant son parfum dans un linceul de sucre croquant, spécialité de l’arrière pays niçois. 
AU JARDIN:

La violette appartient  à tous les pays et à toutes les altitudes, dans le midi, c’est une culture hivernale, la plante ayant besoin de la sécheresse estivale pour son repos afin de reprendre sa végétation aux premières pluies d’automne. On la cultive sous le couvert des oliviers ou des orangers. Ailleurs, avant l’apparition des tunnels, on  protégeait les plantations des rayonnements nocturnes et des vents froids par paillassons ou des châssis vitrés.
Il est donc évident que cette fleur historique doit trouver sa place dans le jardin le plus modeste. Native des sous-bois, elle apprécie un sol riche en humus, mais une fois installée, on a la surprise de la voir se répandre, un peu partout et surtout en plein soleil !  
Procurez vous des ‘coulants’  auprès d’un ami jardinier et installez les au frais sous l’ombre tamisée des arbustes. Achetez quelques pieds de variétés originales, roses, bleues, blanches tiquetées de mauve aux noms charmants : ‘gracilis’,  ’Coeur d’Alsace’, ‘De Bruneau’, ‘Blanche de Chevreuse’,  ‘Perle rose’, Czar blanc’,  Victoria, ‘ Princesse Béatrice’,   ‘Baronne Alice de Rotchild’.......
Vous ne regretterez jamais ce modeste investissement.  Certaines fleurissent   dès Octobre, et jusqu’à la fin Avril leur parfum insinuant  guidera votre tour du jardin .
Chez moi je n’ai jamais réussi à les faire pousser en bordure, elles s’échappent dans les endroits les plus inattendus. C’est ainsi que je les aime, fantasques , se mariant les unes aux autres, renaissant de tous les tons, du violet d’encre au rose vineux, du blanc au Parme tendre, me surprenant par leur installation inattendue sous une acanthe, au pied d’un épineux rosier, ou bien au beau milieu d’une potée de géranium ! 
Conseil : si vos violettes après la canicule estivale sont tristes et desséchées, pas de panique, faites leur une coupe très, très courte, aux ciseaux et couvrez les d’une pelletée de compost maison. Elles seront en pleine forme dès le mois d’octobre et arboreront un feuillage neuf et sain autour des premières fleurs.

Le poète a dit :
“Je suis en ce moment étendu sur un gazon parsemé de violettes, sous un grand chêne qui m’abrite du soleil ; je n’imagine rien qui puisse me décider à quitter cette position.  Je suis sur le dos, enfoncé dans l’herbe plus d’à moitié ; mes deux bras croisés derrière ma tête la tiennent un peu élevée...”
Alphonse Karr, Lettres écrites de mon jardin  - 1853

jeudi 27 janvier 2011

le jardin chaque mois

Floraisons du mois de Janvier  au Jardin la Pomme d’Ambre


 Rosa "Archiduc Joseph"
 Acacia baileyana
 Iris d'Alger

Helleborus niger                

Helleborus foetidus
Clematis cirrosa balearica


En janvier, c’est le vert qui domine, peu de fleurs voyantes.
Il faut cependant citer la grande famille des mimosas qui ensoleille et parfume notre hiver,  dont le plus connu,  Acacia dealbata ( appelé ‘le  sauvage’ chez nous tant il envahit les collines et les fossés), qui fleurit dans toutes  ses variétés horticoles confondues entre la mi-décembre et la fin janvier selon les conditions climatiques et l’exposition.
Acacia iteaphylla, Acacia hanburyana, Acacia podalyriifolia, Acacia baileyana, Acacia dealbata, Acacia retinoïdes  sont en fleurs au jardin en janvier.
C’est la pleine floraison de l’Eucalyptus globulus, le gommier bleu. Les abeilles visitent les fleurs bruyamment  tandis que les allées se couvrent d’un délicat tapis d’étamines brisées .
La flore indigène est plus timide :
Viburnum tinus, le laurier tin à fleurs blanches
Arbutus unedo, l’arbousier à clochettes ivoire
Erica arborea, la bruyère en arbre à clochettes blanches
Medicago arborea, la luzerne en arbre à fleurs jaune d’or
Helleborus niger, l’hellebore  noir  à   fleurs vertes
Helleborus argutifolius, l’hellebore de Corse  à fleurs vertes aussi
Bellis  perennis, la paquerette
Alyssum maritimum, la corbeille d’argent si parfumée
Rosmarinus officinalis – Euphorbia myrsinite, l’euphorbe de corse  

Parmi les arbustes, quelques plantes sont incontournables pour leur parfum même au cœur de l’hiver :
Sarcococca ruscifolia - Lonicera fragrans - Chinomanthus fragrans - Colletia cruciata - Buddleja officinalis - - Tagettes lemonii -  Eriobotrya japonica.

Pour leur solidité et leur sobriété :
Dimorphoteca pluvialis  - Osteospermum  barberiae- Iberis gibraltarica
Crassula ovata – Crassula multicava – Aloès sp -  Argyranthemum frrutescens -
Bergenia cordifolia, Viola odorata.

Pour leur facilité de culture :
Jasminum mesnii - Cestrum X 'Newelli’- Freylinia cestroides – Spirea sp
Teucrium fruticans – Euriops pectinatus - Euriops chrysanthemoïdes – Camellia japonica – hebe sp - Abutilons hybrides divers - Salvia confertiflora - Salvia guaranitica
Je précise que le jardin se trouve en bordure d’un petit ruisseau au pied de l’Esterel, qu’il est distant du bord de mer  d’environ 6 km et qu’il est ombré par de nombreux arbres. La flore indigène est celle du maquis donc de sol acide.
Protégé en partie du Mistral, il prend de plein fouet le vent d’Est qui suit le trajet du ruisseau. Selon les conditions atmosphériques, les dates de floraison peuvent varier  de  15 j (soit d’avance, soit de retard).
Cet automne particulièrement pluvieux pour notre région n’a en rien avancé les premières floraisons.


Camelia blanc de semis


Bouquet fait le 1er janvier 2011  au jardin