lundi 26 janvier 2009

Floraisons de Janvier à la Pomme d'Ambre (Var)



Floraisons du mois de Janvier 2009  

au Jardin la Pomme d’Ambre


En janvier, c’est le vert qui domine, peu de fleurs voyantesIl faut cependant citer la grande famille des mimosas qui ensoleille et parfume notre hiver,  dont le plus connu,  Acacia dealbata ( appelé ‘le  sauvage’ chez nous tant il envahit les collines et les fossés), qui fleurit dans toutes  ses variétés horticoles confondues entre la mi-décembre et la fin janvier selon les conditions climatiques et l’exposition.

Acacia iteaphylla, Acacia hanburyana, Acacia podalyriifolia, Acacia baileyana, Acacia dealbata, Acacia retinoïdes  sont en fleurs au jardin en janvier. 

C’est la pleine floraison de l’Eucalyptus globulus, le gommier bleu. Les abeilles visitent les fleurs bruyamment  tandis que les allées se couvrent d’un délicat tapis d’étamines brisées .

La flore indigène est plus timide :

Viburnum tinus, le laurier tin à fleurs blanches

Arbutus unedo, l’arbousier à clochettes ivoire

Erica arborea, la bruyère en arbre à clochettes blanches

Medicago arborea, la luzerne en arbre à fleurs jaune d’or

Helleborus niger, l’hellebore  noir  à   fleurs vertes

Helleborus argutifolius, l’hellebore de Corse  à fleurs vertes aussi

Bellis  perennis, la paquerette

Alyssum maritimum, la corbeille d’argent si parfumée

Rosmarinus officinalis – Euphorbia myrsinite, l’euphorbe de corse  

Parmi les arbustes, quelques plantes sont incontournables pour leur parfum même au cœur de l’hiver :

Sarcococca ruscifolia - Lonicera fragrans - Chinomanthus fragrans-photo-- Colletia cruciata - Buddleja officinalis -Viola odorata - Tagettes lemonii -  Eriobotrya japonica - photo-( qui donne les nefles)

Pour leur solidité et leur sobriété :

Dimorphoteca pluvialis  - Osteospermum  barberiae- Iberis gibraltarica  - Crassula ovata -Crassula multicava – Aloès sp -  Argyranthemum frutescens - Bergenia cordifolia

Pour leur facilité de culture : Jasminum mesnii - Cestrum X 'Newelli’- Freylinia cestroides – Spirea sp - Teucrium fruticans – Euriops pectinatus - Euriops chrysanthemoïdes – Camellia japonica – hebe sp - Abutilons hybrides divers- photo- - Salvia confertiflora - Salvia guaranitica

Je précise que le jardin se trouve en bordure d’un petit ruisseau au pied de l’Esterel, ombré par de grands arbres et qu’il est distant d’environ 6 km de la mer. La flore indigène est celle du maquis donc de sol acide. Protégé en partie du Mistral, il prend de plein fouet le vent d’Est qui suit le trajet du ruisseau. Selon les conditions atmosphériques, les dates de floraison peuvent varier de  15 j, soit d’avance, soit de retard. Cet automne particulièrement pluvieux pour notre région n’a en rien avancé les premières floraisons.


mardi 20 janvier 2009

gris-gris, amulettes et croyances au jardin





 










 


















‘Nature les a faites sorcières’   Michelet


Accorder du pouvoir aux objets, aux plantes ou aux incantations est une vieille habitude humaine. Elle procède d’un besoin d’expliquer l’inconnu, d’opposer un antidote aux malheurs de la vie.

Depuis la nuit des temps, les hommes et les femmes ont porté, bien caché sur eux,  une herbe, une fleur,  un mélange de plantes, des graines ou des fruits, des billets couverts de formules cabalistiques afin de se prémunir contre les maladies et le mauvais oeil,  pour retrouver l’amour, pour éloigner les esprits malins.  

Ces herbes séchées, ces écrits , enclos  dans des petits sachets de peau ou de toile, étaient portées autour du cou ou de la taille, mais toujours à même la peau. Ces amulettes offraient un  sentiment de sécurité en ces  époques lointaines où l’on craignait autant les épidémies, que le diable et ses malfaisances. Magie lointaine, relique de paganisme, croyances de bonne femme.


Ces pratiques ne sont pas des survivances mais des pratiques qui aujourd’hui touchent toutes les couches de la société confrontées à une technologie de plus en plus envahissante. Nous avons toujours besoin d’expliquer l’inconnu, de croire au merveilleux et  par jeux, nous continuons à toucher du bois, à éviter le chiffre 13, à chercher des trèfles à 4 feuilles....


L’amoureux se séparant de sa belle lui volera un mouchoir, un ruban, une mèche de cheveux qu’il portera sur lui  pour qu’elle lui revienne, répétant un geste universel et de tous les temps.


Pour conjurer le sort, et sourire, voici quelques croyances encore tenaces :


*Un brin de germandrée dans la poche protège de la foudre et des sorcières


*Le chat noir, animal sorcier enrichi celui qui le possède, aussi leur maître  leur doit-il la première bouchée de tout ce qu’il mange.


*Une ficelle de chanvre, portant  13 noeuds guérit le tour de reins.

 

*Un bouquet de marjolaine porte chance.


*Manger la première violette rencontrée au printemps  protège des fièvres.


*L’aubépine appelée épine blanche, éloigne le diable.


*Le romarin ne fleurit que chez les justes.


*L’armoise éloigne le mauvais oeil.


*Le laurier protège de la foudre.


*l’ail protège des vampires.


*Une pierre placée dans la fourche d’un arbre fruitier augmente sa production de fruits.


*Qui peut faire le bien, peut faire le mal........

 


Vous en connaissez certainement d'autres ! 

J'attends vos suggestions pour allonger la liste............



 


mardi 13 janvier 2009

premier jardin en Provence



 



































Vous venez d’acquérir une maison et le jardin est à faire ou à redessiner et vous ne savez pas par où commencer.  Notre expérience de terrain nous permet aujourd’hui de vous donner quelques règles simples qui vous ferons gagner du temps et  de l’argent !


OBSERVER :

Si les allées ne sont pas tracées, observez les trajets de la famille, et faites en des allées. Le bon sens nous fait toujours choisir le plus court chemin.

Notez tous les arbres et arbustes que vous rencontrerez. Certains sont solides, beaux toute l’année même si leur floraison est insignifiante, garder les. Ils serviront à appuyer vos futures massifs fleuris.

Même si votre terrain est petit, n’essayez pas planter partout pour “garnir”. Vous ne pouvez pas tout gérer et vos acquisitions vont souffrir ou pire mourir.

Repérez un coin un peu frais et faites un apport de bonne terre que vous soutiendrez par des planches ou des cailloux. C’est la que vous mettrez en jauge vos boutures et vos plantes délicates. 

Vous y grouperez aussi les plantes dont vous n’avez pas encore choisi l’emplacement.

Veillez à ce que cela soit près d’un point d’eau afin de les abreuver dès qu’elles “demandent”. vous pouvez ainsi faire des centaines de boutures de santoline ou de romarin (c’est inratable) afin de border vos massifs l’année suivante. (demander les tailles de vos amis ou voisins)


RÉFLÉCHIR :

Le jardinage doit rester un plaisir, si l’entretien devient une corvée, c’est que vous avez mal mesuré vos possibilités. 

Choisir un dessin simple pour votre jardin, en évitant les massifs ovales ou ronds bordés de grosses pierres. 

Combien d’heures par semaine vais-je consacrer à mon jardin ? Comment gérer les absences et les vacances ? 

Suis-je décidé à payer des notes d’arrosage “salées” ? le choix des plantes peut la réduire de moitié.

Donner à son jardin une couleur locale  et éviter les lauriers cerises et les thuyas qui vous feront classer immédiatement dans la catégorie  “parisiens”.


CHOISIR : 

Tout d’abord l’arbre (ou les) d’ombrage qui vous permettra de profiter du jardin au coeur de l’été sans vous “ensuquer”.

La haie  qui vous sépare des voisins , évitez une seule espèce, car en cas de maladie c’est l’épidémie à coup sûr. Pensez aux arbustes à baies pour les oiseaux, aux rosiers grimpants pour les  fleurs  etc....

Les fruitiers si vous êtes gourmands, amandier, figuier (si eau ), néflier, jujubier, sont des arbres du sud, sans soucis et sans entretien.


NOTER :

Noter toutes les plantes qui vous plaisent sur un carnet afin de ne pas aller en jardinerie acheter la première grosse fleur juponnée de rose ou de bleu que vous rencontrerez.

Si vous ne connaissez rien, essayez d’apprendre par la couleur. Une couleur par massif et vous regroupez ainsi tout  ce qui vous plaît, les nuances différentes, les buissons verts ou gris formeront une harmonie à coup sûr. Notez les périodes de floraison afin de ménager les effets de l’année prochaine. 

Notez vos achats nom commun et non latin (quand il y a par chance une étiquette), dans un cahier, avec la date et si possible le lieu d’achat et le prix. Vous saurez plus tard, l’âge de vos arbres et vous comptabiliserez aussi les décès  et le prix de vos erreurs !

Cette démarche fait un peu vieux jeu, mais c’est un fabuleuse mine de renseignements lorsque l’on veut étudier un jardin  dans sa maturité.


LE DROIT A L’ERREUR

Presque tous les débutants achètent des barquettes déjà fleuries, des grosses fleurs doubles de préférence, des exotiques capricieuses, les dernières raretés des catalogues de vente par correspondance etc....

Avant d’investir dans ces fantaisies coûteuses, investissez dans les végétaux de base d’un jardin du midi  :  les increvables, les valeurs sûres, les toujours verts, les parfumés........

myrte, romarin, alaterne, laurier tin, filaire teucrium, pittosporum, cyprès, laurier rose, phlomis etc.  


LES VALEURS SURES :

Les jasmins   : Rhynchospermum, jasmin azoricum, jasmin polyanthum.

Les rosiers lianes de fin d’hiver : Rosier de Banks jaune ou blanc, Sénateur Lafolette ou La belle Portugaise, à laisser courir sur un grillage,grimper dans un arbre ou sur le toit.

Les rosiers anciens ou non, résistant à la chaleur  et remontants : Old blush China, Mairmaid, Enna Harkness, New Dawn, Général Schablikine....

Les aromatiques : Romarin ,myrte, santoline grise ou verte, sarriette, origan, rue, mélisse, citronnelle... Certains seront traités en haies basses pour entourer les massifs, d’autre en mélange avec les fleurs.

Les méditerranéennes solides : Plumbago (les 3), lauriers roses, teucrium, cistes, cassia, bignones

La  plante carte postale : Palmier, mimosa, bougainvillée, agave et votre jardin sera étiqueté “Côte d’Azur”


LE B. A , BA :

Commencez à aménager le pourtour de la maison, fleurissez les fenêtres, offrez vous quelques jolies jarres ou gros pots que vous garnirez de pélargoniums. C’est facile et cela remonte le moral . 

Après avoir envisagé un plan d’ensemble de vos massifs, attaquez-en un à la fois.

Installation de l’arrosage, amélioration du sol, mise en place des végétaux en pensant à leur taille adulte. Attendez la fin de l’été pour planter afin de profiter des nuits plus fraîches.

Achetez petit (sauf pour votre arbre d’ombrage), mais ne radinez pas sur la nourriture et l’arrosage pour le démarrage des plantes. Réduire peu à peu mais sans sevrer complètement !


LE VOISIN :

Si vous avez un voisin installé avant vous, sollicitez une entrevue de son jardin et prenez note de ce qui y pousse bien, cela marchera certainement chez vous. Demandez lui le nom de ses plantes et à l’occasion un petit bout à bouturer. Tenez le au courant de vos progrès. Ce genre de rapport évite bien des guerres de voisinage capable de vous gâcher le barbecue du dimanche.


LA MULTIPLICATION :

Bouturez vos plantes préférées, afin de boucher les trous.( Sur une petite table installée dans votre coin frais) Plantez dense pour éviter la terre à nu. Il sera toujours temps de transplanter dans un nouveau massif, vos belles réussites. En règle générale, un plante vivace double de volume dans l’année.


L’AMOUR :

Votre jardin sera réussi s’il vous ressemble. Un jardin contre nature (la votre) sera difficile à entretenir et vous lassera vite. Mettez y votre coeur, vos souvenirs d’enfance, vos tocades et vos erreurs et passez y de merveilleux moments. Montrez le à vos amis, un jardin se partage et comme un tableau a besoin d’être admiré.  

Bon courage ! votre oeuvre sera à point dans 9 à 10 ans..........







mardi 6 janvier 2009

PLANTES DE PROVENCE






petit nom : Fenouil commun 

nom vernaculaire : Marathon des apothicaires 

nom latin : Foeniculum vulgare  

famille :  APIACÉES


Tout le monde en Provence  connaît le fenouil commun. Son feuillage finement découpé, très odorant, se développe tôt au printemps. La seconde année, de longues tiges raides portent au sommet de jolies ombelles de fleurs jaunes à la douce senteur anisée. 

C’est au bord de mer, près des étangs que le fenouil développe le mieux ses hautes tiges creuses que les limaçons escaladent en grand nombre pour se protéger de la chaleur du sable. Vivace, lorsque le terrain lui convient, il colonise les champs abandonnés, les rives ensoleillées des cours d’eau, les talus enherbés de campagne, mais  il ne s’installe jamais de lui-même sur un sol calcaire.

Les graines fraîches se récoltent en été. Elles sont stimulantes et digestives. On se servait jadis,  d’une tisane de graines de fenouil pour laver les yeux irrités.

Le fenouil a toujours été prescrit par la médecine populaire pour “relever l’énergie de l’estomac”. 

L’école de Salerne résumait toutes les valeurs du fenouil en un petit poème (traduit du latin)  que les étudiants en médecine se devaient de connaître par coeur : 


Le fenouil fait en nous 4 effets différents,

Il purge l’estomac, il augmente la vue,

De l’urine aisément il procure l’issue,

Du fond des intestins, il fait sortir les vents,

Mais sa graine à surtout la vertu singulière, 

De les pousser par le derrière.... 


AU JARDIN

Le fenouil ne dépare pas dans les massifs fleuris, son altière floraison donne  du naturel aux compositions un peu trop recherchées. Il se sème à la volée en fin d’été, sur un sol simplement gratté en surface. La plante fleurit la seconde année seulement. Les ombelles sont élégantes et apportent de la légèreté et un parfum suave aux bouquets du jardin. Essayez le fenouil pourpre, très à la mode, mais vous observerez qu’il verdit un peu en prenant de la hauteur....

 

SECRETS DE  JARDINIÈRE

En campagne, je récolte les tiges et les sommités fleuries dès le printemps. J’en fais de petites bottes, liées d’un brin de raphia, que je suspend à la poutre de la cuisine pour l’usage et  pour le décor. Les  tiges, coupées en bâtonnets de 2 cm sont mis en réserve pour les compositions de pot-pourri maison.

Je vais récolter les ombelles  de fenouil à la fin de l’été, lorsque les graines sont bien formées. Je les fais sécher à mi-ombre, dans des cagettes de bois superposées dont le fond est garni d’un papier épais. Les graines se détachent facilement et l’usage du tamis n’est pas indispensable. Je les conserve pour l’hiver,  dans des  boites  en fer. Elles se mastiquent agréablement et donnent une haleine fraîche. 

Santé :

La digestion des repas un peu lourds est facilitée par une infusion que je prépare avec une pincée de graines par tasse d’eau chaude;  j’ajoute du miel d’acacia pour adoucir la gorge en hiver.

Le vin fenouillé

Pour le plaisir d’ouvrir l’appétit de mes convives d’une manière originale,  je propose un apéritif  maison  aux vertus multiples.

Je mets à infuser 2 semaines, dans un litre de vin blanc doux, une poignée de graines de fenouil fraîches. Après avoir filtré la préparation, je l’édulcore légèrement avec un verre à liqueur de sucre de cane . Un morceau de tige séché de fenouil décore la préparation en transparence et donne au breuvage son aspect mystérieux....A consommer avec modération, mais bien frais.


Sirop de fenouil

Pour combattre les mauvais rhumes, je prépare un sirop de fenouil selon une recette (qui demande de l’attention),  découverte dans un formulaire magistral de 1905 :

Il faut concasser 100 g de semences de fenouil et les mélanger à 50 g d’alcool à 90°. Après 3 heures de macération, ajouter 1/2  litre d’eau et laisser reposer le mélange, 24 heures à température ambiante. Passer le mélange et lui ajouter 600 g de sucre en poudre. Bien faire fondre et faire bouillir le tout quelques minutes. Passer au travers d’un linge et mettre dans de petits flacons bien étiquetés après refroidissement. On prend 2 cuillers à café plusieurs fois par jour en cas de toux .

A réserver bien sûr aux adultes.


Cuisine : 

Les graines de fenouil sont  indispensables pour parfumer l’eau de cuisson des châtaignes en automne.


Maison : les bouquets à bousculer  Pour la maison, je fais sécher de très grandes branches de fenouil que je pique dans le fond d’une jarre pleine de sable maintenu légèrement humide. Les tiges sont stabilisées et sèchent doucement. Je place la jarre au pied d’un escalier ou près d’un passage très souvent emprunté. Chaque frôlement dégage, même au plein  coeur de l’hiver, une trace anisée revigorante.

Magie : 

“Le fenouil protège des sorts jetés par les sorcières”..


le poète a dit :

‘Une année, un peu de  neige est tombée en Novembre, comme saupoudrée sur les vignes abandonnées, livrées au grand fenouil.  La nuit, le froid est descendu en dessous de zéro, éclatant les dernières semences et les tiges creuses des fenouils. Au matin,  le soleil  un peu pâlot, enfin revenu, fit  flotter sur le champs  une brume anisée’.

 

lundi 5 janvier 2009

MON JARDIN D'ENFANCE









 



































Le mimosa et le freesia 


Sur le côté de la maison, entre le bosquet des orangers et la rue, il y avait un petit bois, ombragé par de grands arbres maigrichons dont les branches aux feuilles grises et découpées frôlaient mon visage. 

Mon père m’avait dit : “ce sont des mimosas .” 

En plein été, ils avaient piètre mine, les feuilles repliées sur elles-mêmes et les branches pendantes. Ils semblaient en grande souffrance, comme épuisés. Les extrémités, pourtant, étaient pleines de drôles de petits grains verdâtres, à peine gros comme des  têtes d’épingles. 

Vinrent les orages de la fin de l’été, pluie lourde qui ruisselle sans pénétrer le sol trop dur. Les mimosas sortirent brusquement de leur sommeil estival. Leurs feuilles composées largement dépliées,  avaient changé de couleur, passant du gris éteint à une superbe glaucescence.

Les petits grains s’étaient gonflés au fil des mois. En janvier ils étaient  bien ronds et d’un vert hésitant.

Vers la fin du mois, la floraison éclata comme un soleil en mille  houppettes  soyeuses, poudrées et gonflées d’un pollen léger.  Le petit bois était recouvert d’une  chevelure dorée, mousseuse et embaumée.

J’ai tout de suite aimé le mimosa. C’est un arbre généreux qui ruisselle de fleurs  et que l’on peut piller  sans réserve.

J’avais remarqué que la terre change d’odeur sous les mimosas. Quelque soit l’endroit où ils poussent, la terre a une senteur particulière. J’en ai eu l’explication bien plus tard, cette odeur fraîche et curieuse viendrait des nodules particuliers que cette famille de plante développe sur ses racines. Ces nodules fixent l’azote du sol et l’enrichissent pour mieux s’en nourrir.


Mon père qui avait travaillé chez un  fleuriste dans sa jeunesse connaissait tout le plaisir que cette fleur hivernale procure aux gens des  grandes villes. 

Il expédiait à toute notre famille parisienne des gros colis de branches fleuries de mimosas. Il les roulait bien serrées dans un papier journal un peu humide, puis les ficelait en un gros saucisson de papier kraft.

En expédiant chaque année ses colis  à Paris, mon père offrait avec fierté un peu de sa Côte d’Azur.


A la fin du mois de Janvier,  le Comité des Fêtes de SAINT-RAPHAËL organisait la Fête du Mimosa. La promenade du bord de mer était barricadée, nous devions payer une entrée pour assister au défilé des chars décorés exclusivement de mimosa. Plus tard, mon père obtint de tenir une des guitounes d’entrée et en plus du petit extra qu’il gagnait, nous pouvions assister gratis à la fête. 

J’ai le souvenir des chars les plus exotiques réalisés par l’armée coloniale cantonnée alors dans la commune voisine de Fréjus :

Sur des camions militaires, entièrement recouverts de grillage à poules, on avait tissé des branches fleuries. Des africains, presque nus, ceinturés d’un pagne dansaient des danses barbares pour la plus grande joie du public.

Suivaient des tracteurs fleuris tirant des plate formes sur lesquelles de gracieuses fillettes en tenue légère prenaient des poses.

Les réalisations étaient naïves et le public heureux. On se jetait au visage des confettis et des rameaux fleuris. 

J’avais en horreur la bousculade de cette fête et dès qu’on me le permis, je boudais cette manifestation populaire. Déjà je n’aimais pas que l’on piétinne les fleurs.

Ce fût un grand chagrin pour mon père qui avait intrigué pendant deux ans afin de m’obtenir une place sur un char. Il aurait été si fier de me voir défiler ! 


Au bout de quelques années d’émerveillement, la mimosée gagnant du terrain, mon père entrepris l’arrachage des arbres en surnombre. Il attendit les pluies d’automne pour les attaquer. Les enfants étaient de corvée pour traîner les branches coupées vers le feu. Le mimosa, même vert, brûle en  crépitant joyeusement. Il accepte le sacrifice dans la joie car il sait que la moindre racine laissée en terre donnera naissance à un nouveau rejeton prêt à fleurir l’année suivante. Quelques unes de ses graines, grillées par le feu, germeront autour du tas de cendres refroidies. Le mimosa sauvage est immortel. Il renaît après le feu comme  après le gel. 

Ses  racines superficielles, à la moindre blessure, font naître une pousse nouvelle qui donnera un arbre en deux ou trois ans. 

Le mimosa, Acacia dealbata, fut importé d’Australie au début du XIXe siècle.Il trouva très vite sa terre d'élection sur la Côte d'Azur et  dès le début de ce siècle, les producteurs de mimosa s’employèrent à le “forcer”pour une floraison dès la fin du mois de Novembre.  La fleur devait être encore verte, mais avec quelques points jaunes. Dans l’incertitude, pour juger de l’état d’avancement des boutons, il suffisait de les rouler entre les paumes de la main. S’ils résistaient, c’était trop tôt, au contraire, s’ils se réduisaient en une poudre jaunâtre, ils pouvaient être soumis au forçage.  

.............

Sous la mimosée, poussait une sorte d’herbe vert tendre. Elle était apparût vers le mois de décembre alors que les mauvaises herbes n’étaient pas encore sorties.  En février, le tapis serré avait bien 30 cm de haut. Couchée à plat ventre dedans, je pouvais observer à contre jour une tige encore enclose dans les feuilles. Au toucher, je sentais cette excroissance prête à émerger. Cela ne tarda pas : dès la fin du mois de février, alors que le mimosa était en pleine explosion, les premières tiges dépassèrent  leurs feuilles en fer de lance.  Délicate mais solide à la fois, la hampe florale, brusquement  arquée au sommet pour déplier 6 à 10 fleurs à corolle tubuleuse  d’un blanc incertain.  Je garde le souvenir de l’émotion que me procura le parfum de cette modeste fleur de freesia. Odeur douce et sucrée, relevée d’une fragrance   inconnue. Au plus fort de la floraison, les freesias, serrés les uns contre les autres exhalaient une senteur lourde et exotique, parfait contrepoint à l’innocence poudrée du mimosa.

Je les cueillais en petits bouquets serrés pour apporter à l’école en hommage à ma maîtresse.

J’ai retrouvé plus tard ce petit freesia dans tous les jardins anciens et même dans la nature, car il se reproduit volontiers par graines. 

j’ai découvert qu’il était originaire du Cap, et qu’il était proposé en 1883 sur le catalogue anglais  de la maison James Carter & Cie. Cette charmante bulbeuse à la floribondité extraordinaire et au parfum délicat fit la conquête des cultivateurs de fleurs d’exportation sur le littoral. Elle fut cultivée dès le début du siècle et introduite dans les beaux jardins de la Côte d’Azur.

Le Freesia refracta, aussi appelé odorata à cette époque est devenu l’hôte privilégié des mimosées .

On le rencontre même sur le sentier littoral, ancré dans le plus petit creux de rocher, échappé des grands jardins aux ballustres blanches  qui le bordent depuis plus d’un siècle.

Partout où les jardins sont morcelés, remaniés, il profite du boulversement de la terre pour se réfugier contre les clôtures, sous les arbres. Les oiseaux en sèment au faîte des palmiers, entre les tronçons de feuilles. Il borde encore certains terrains agricoles du bord de mer , là ou il était cultivé au début du siècle pour la fleur à bouquet. Le freesia monte à graine facilement.  

Chaque tige soutient péniblement  quatre à cinq boulettes pleines de petites graines.  Au fur et à mesure qu’elles grossissent, les feuilles s’étiolent,  sèchent et disparaissent complètement. La tige se couche à son tour, les sacs à graines s’entrouvrent et la semence roule à terre où elle grillera tout l’été. Les pluies de septembre les entraînent et elles terminent leur course dans un tas de terre et de déblais emportés par les ruissellements de la pluie.

La majorité d’entre elles germeront . La première année, les jeunes feuilles forment un fin gazon qui ne dépasse pas quelques centimètres. Toute l’énergie est consacrée à la formation du petit bulbe  dont les réserves accumulées dedans vont lui permettre de passer la saison sèche. Les feuilles disparaissent l’été arrivé, mais dès l’automne, elles poussent plus vigoureusement et accumulent assez de force pour leur première floraison fin février.


Il aime une terre sableuse, souple et pauvre. Les engrais, les amendements organiques signent sa disparition à court terme.

 

Depuis un an ou deux, on le retrouve sur quelques rares catalogues branchés. 

Attention, les sangliers adorent ces bulbes dont ils se régalent volontiers !