jeudi 11 décembre 2008

IDÉES JARDIN






























PRENONS UN COUP DE ROUGE.... au jardin


Vous avez tous en mémoire le jardin moderne des années 60  avec ses rosiers polyantas et ses sauges splendides mêlant leur rouge  saignant en un alignement  régulier, souligné par une rangée de  grosses roses d’Inde du plus bel orangé , bordé enfin  d’agératum plumeux  d’un bleu doux déplacé au milieu de cette violence !  Depuis, vous fuyez prudemment le rouge pour vous réfugier dans les tendres harmonies, sauce anglaise....Il en est des meilleures choses comme du reste, on se lasse maintenant du rose délavé , du mauve tristounet  et du bleu layette... J’exagère, mais regardez les bouquets  des ‘’fleuristes branchés’, ils osent les rouges, avec des roses et des jaunes ...  

Attention  la mode  des couleurs fortes gagne le jardin !


J’en reviens au rouge, oubliez le jardin 60 et regardez cette couleur dans tous ses états :  Rouge cru et provoquant,   rouge minium de l’interdit, rouge rosé de la honte, rouge sang de la gloire , rouge sombre de la sensualité, rouge chaud de la braise...

Tout dépend de la  texture de son support : fleur veinée du pétunia, pétale velouté de la rose, soie froissée du coquelicot, chair juteuse de la cerise, rouge parfumé de la fraise ou rouge  gourmand de la tomate. La nature ne s’y trompe pas les fruits rouges  sont remarqués par les oiseaux qui en assurent la propagation, les fleurs exotiques sont souvent d’un  rouge attirant pour les polinisateur de tous poils.

Il fallu attendre la guerre de 1915 pour que l’on abandonne le pantalon garance* ,  pour le bleu horizon ! (*du nom de la teinture rouge) bien qu’une célèbre réplique de cinéma nous dise “Garance c’est le nom d’une fleur”,  c’est surtout celui d’une plante tinctoriale ( Rubia tinctoria) qui fit la fortune du Vaucluse. 

(en 1839 on y compte  50 usines à garance, en 1860 on y produit 50% de la production mondiale)

ATTENTION, il y a rouge et rouge

Le rouge cramoisi des vieux velours et des roses anciennes est un rouge profond teinté de bleu. Le rouge Magenta doit son nom à une bataille qui opposa  Français et Autrichiens en 1859.

Le rouge carmin  dont le pigment est obtenu par la cochenille, est plus vif. 

Selon le feuillage qui les accompagne, vert clair, gris ou vert sombre, leur intensité va être soit soutenue soit atténuée. 

Cette couleur difficile à manier demande un peu d’audace. Réservez vos premiers essais à des potées avant d’entreprendre un massif sur ce thème.

C’est dans un coin un peu sombre, près d’une haie de cyprès, ou contre un mur de pierres que le rouge éclatera de toute sa puissance en toute impunité.   Un rosier rouge grimpant  sera le meilleur ornement d’un façade ancienne et le charme des villages de l’arrière pays tient souvent à ces vieux rosiers  dégoulinant de fleurs écarlates, retenus à un fil de fer rouillé par le temps.

Non le rouge n’est pas vulgaire, j’ai rencontré le bon gros pélargonium zonal (le géranium des grands-mères) bien à l’aise dans un gros pot de terre cuite, heureux dans une vielle bassine percée, et fier et superbe dans une jarre d’Anduze datée et signée Boisset 1860 dans la cour d’un  château. Tout est dans l’interprétation  et la mise en scène.

Voici quelques idées pour l’approcher et l’apprivoiser :  

LE ROUGE CUISINE

Le rouge fait penser à la décoration de cuisine, nappe de vichy , vanneries et casseroles émaillées... Osez un rosier couvre sol sans souci, des pavots, de la sauge, des verveines rampantes , des tabacs et pour un peu de tempérance, romarin ,origan, lavande, herbes culinaires., bordure de fraisiers , quelques groseilliers, un couvre sol comme houttuinia cordata ’Caméléon’ ...... Pensez au basilic à feuilles pourpre. 

Les piments d’ornement ou les poivrons seront de la fête. Osez la superbe architecture du chardon frère sauvage de l’artichaut ou encore le cardon dont le gris métallique soulignera les tons de rouge. Les graminées  accompagnent très bien le rouge, soulignant son charme champêtre. On en trouve de nombreuses variétés maintenant, peu engageantes dans leur godet, sachez qu’il faut un an ou deux pour obtenir de belles touffes grises, dorées ou brunes dont vous ne pourrez plus vous passer dans vos compositions tant leur effet est gracieux.


LE ROUGE CAMPAGNE

Rien de plus tonique qu’un alignement de vieux pots plantés de pélargonium zonal bien rouge. Pour réveiller un mur trop terne, fixez à la manière espagnole une série de pots suspendus débordant de pélargonium de tous les rouges. Un pot c’est une petite note vive, mais une dizaine, cela devient une partition !

Les pivoines et les tulipes botaniques, les lychnis, les benoîtes ont un charme campagnard naturel et là encore les graminées seront indispensables pour les accompagner. 

Si votre terre est bonne, osez les dahlias rouges de bordure à fleurs simples. 

Le rosier rouge devenu classique sur la Côte d’Azur :’ Cocktail’ est redécouvert par les puristes du camaïeu. On commence à s’encanailler dans le rouge avec lui !

Pour les scènes à dominante rouge, évitez cependant les rosiers à grosses fleurs et préférez les forme simples ou semi-double. Cherchez dans les rosiers modernes couvre sol. Ce sont les plus faciles car ils renouvellent leur floraison de manière continue. (voir catalogues)


LE ROUGE NORDIQUE

Les scandinaves privés de la lumière solaire pendant de longs hivers font des jardins éclatants où le rouge s’affiche sans complexe.

Pavots, Tisons de Satan, crocosmias, dahlias, rosiers, etc... sont plantés avec art en mélange avec des graminées et des feuillages de toutes sortes. Beaucoup de fleurs blanches sont ajoutées à ces compositions vives et gaies :  gaura, gypsophille, marguerites, ....


ROUGE EXOTIQUE 

Beaucoup de plantes introduites dans nos jardins du midi ont de somptueuses floraisons rouge : Callistemon, Bougainvillée, Gerbera, Salvia, Grevillea, Fuchsia, Erythrina, Tecomaria capensis, Hibiscus rosa sinensis, Passiflora coccinea, Russelia equisetiformis....


FRUCTIFICATION  & FEUILLAGES  ROUGE  :

Le photinia taillé en haie le long des autoroutes offre des pousses d’un rouge lumineux,

Rhus typhina en automne, Berberis thumbergii au printemps,

Le skimmia japonica en terre acide fructifie en bouquets de baies rouges,

Fructification du rosier rugosa, du  cotoneaster, du houx, de l’arbousier, du fusain du pyracantha

En conclusion, le coup de  rouge donne un coup de tonus au jardin.  Toutes les couleurs sont belles à condition d’êtres utilisées avec goût et mesure ce qui n’exclut pas un brin d’audace.  Vous serez surpris par l’effet tonique qu’il procure, vous ouvrant à des harmonies nouvelles.

Pour commencer votre réflexion, un tour de jardinerie sur le thème du rouge, vous fera découvrir mieux que dans les livres la large palette des fleurs qui se parent de cette couleur joyeuse. Afin de donner toute la puissance à vos compositions, ne radinez pas sur le terreau, le rouge ne supporte pas le chétif!

Quelques suggestions pour vos essais :

Rosiers : Cocktail,  Paul’s Scarlet climbing, La Sevillana , Mozart, Tapis persan, Rouge Meillandecor etc ...  

Vivaces : Benoîte, Lychnis calcedonica, Gerbera, Fuchsia, 

Annuelles : lin rouge, coquelicots, amarante queue de renard, célosie plumeuse....

Bulbes : lis de St Jacques (Sprekelia formosissima), Canna, Amaryllis ,Gloriosa,Chasmenthe, Begonia... Cherchez, vous trouverez bien une fleur qui vous donnera envie de goûter au ROUGE !

 

mercredi 10 décembre 2008

MON JARDIN D'ENFANCE















Les orangers amers


Chacun sait que la chanson de Mignon, dans le charmant opéra-comique de ce nom, commence par ces vers :

Connais-tu le pays où fleurit l'oranger,

Le pays des fruits d'or et des roses vermeilles...

C'est là que je voudrais vivre !”



Mon père était arrivé “au pays où fleurit l’oranger”. Nous avions quitté une triste banlieue parisienne pour ce coin du Var sous le soleil et d’un exotisme raisonnable. Une grande villa du XIXe siècle au milieu d’un parc ensauvagé, un peu loin de la ville  et d’un loyer modeste devint notre demeure .

 A gauche de la villa, protégée du vent par le petit bois de mimosas, une vingtaine d’orangers souffreteux survivaient avec courage.  Leur feuillage jaunâtre aux limbes racornis, leur tronc noueux, témoignaient d’un abandon de longue date.  


Tout à son rêve romantique,  mon père décida de remettre en culture “son orangeraie”. 


Il pris très vite conseil auprès d’un horticulteur du coin :

Il fallait d’abord  arroser. En été, l’eau de la ville  montait avec parcimonie  jusqu’à la villa. Le robinet du jardin même ouvert à fond ne laissait couler qu’un  maigre filet d’eau. 

Il fallait sauver les orangers, toute la famille fût mise à contribution pour  aller vider  à leur pied  les eaux usagées de toutes sortes. Après quelques semaines de ces dévotions, les feuilles, décrispées, reverdirent un peu mais pas à la mesure de notre zèle.


C’était sans compter sur la spécificité du climat méditerranéen : si le ciel est toujours bleu, c’est en partie grâce à l’action tempétueuse du Mistral ;   il chasse les nuages, les bouscule avec fougue. Le ciel est nettoyé et l’atmosphère d’une incroyable pureté offre le maximum d’intensité aux radiations solaires.  

 

Les orangers devenus d’inextricables buissons , demandaient une remise en forme . Les quelques rameaux supprimées par un sécateur bien affûté mirent en valeur de superbes épines de plusieurs centimètres sur le tronc et  sur les branches. L’exercice devenant dangereux, mon père se contenta d’en faire avec application, des boules bien rondes.

 

Les orangers survécurent à l’été meurtrier grâce à l’apport quotidien de nos eaux ménagères. 

A l’automne il décida d’améliorer la terre afin de mieux les nourrir. Curieux, il questionnait les collègues de travail,  à cette époque chacun  d’eux avait encore des attaches paysannes. 

Les recettes  les plus curieuses et les moins coûteuses avaient sa préférence. 

La plume .... Un copain lui avait certifié qu’en enterrant de la plume détrempée au pied des agrumes il aurait des fruits magnifiques.

Nous le  vîmes  avec étonnement éventrer sauvagement deux traversins usagés et un gros oreiller décousu que j’aimais bien, au dessus du bassin en ciment où ma mère lavait le linge. 

Il fit couler l’eau pour mouiller les  plumes qui volaient  partout. Après avoir touillé avec un bâton cette soupe innommable il couvrit le tout d’une bâche. La mixture mijota une bonne semaine pendant laquelle il creusa une profonde saignée autour de chaque oranger.  


Convoquant ses troupes, il demanda à chacun de nous de transporter la mixture dans des seaux  pour la verser dans les tranchées qu’il avait creusées à grand peine.   

Je ne sais si le traitement, quasi sacrificiel,   contenta les agrumes, mais en décembre, les extrémités des rameaux se couvrirent de boutons verdâtres.

La floraison éclata dès février. Le parfum des orangers en fleurs est un enchantement. J’en cueillais en cachette pour les enfermer dans une boite  en carton. Le soir avant de me mettre au lit, j’entrouvrais le couvercle pour une ultime bouffée de senteur.


Ma mère innova et mis une feuille d’oranger à infuser dans le lait  pour le parfumer avant d’y jeter en pluie le riz et le sucre. Le tout collait très vite à la casserole et ce dessert improvisé faisait notre bonheur. Le privilégié qui pouvait gratter la casserole  retrouvait la feuille d’oranger empéguée de sucre et la suçait avec délectation. 

Les fleurs fécondées se transformèrent en petits fruits ronds et durs. On était encore bien loin de l’orange mais le rêve prenait forme. Les fruits se développèrent lentement en se cabossant de plus en plus.  Nous les tâtions tous les jours. L’écorce chargée d’huile parfumée collait un peu aux doigts .

A la fin du printemps suivant, les fruits étaient de la taille d’une orange, mais leur aspect extérieur ne s’était pas amélioré. La peau, écorce rugueuse couverte de vésicules ,  se colorait   peu à peu  d’orangé entre les bosses. N’y tenant plus mon père en cueillit une devant la famille réunie pour la cérémonie.

Il ne put l’éplucher tant la peau était coriace et dû   trancher le fruit en deux pour découvrir une maigre pulpe, peu juteuse à la fois acide  et pleine d’amertume. 

La déception fût terrible pour mon père. 


Pendant les jours qui suivirent il enquêta auprès des professionnels  sur la raison de cet échec. La réponse était simple : nos orangers étaient des bigaradiers, c’est à dire des orangers amers. Nous aurions dû nous en douter à cause des épines et des feuilles  au pétioles largement ailés.....Il y avait fort à penser que nos orangers vrais avaient gelés une décennie auparavant et que le porte greffe (le bigaradier) avait seul survécu.


Il apprit d’un collègue né à Grasse que le bigaradier  était la seule espèce  cultivée pour l’industrie des parfums.

Au fil des jours il nous distillait l’histoire des bigaradiers.... et le rêve continuait.

“On cueillait les fleurs de fin avril jusqu’en juin, après la disparition de la rosée. Les femmes, montées  sur des escabeaux tout autour des branchage, vidaient leur cueillette sur des draps étendus sur le sol. Ensuite les fleurs étaient amenées dans un local frais où elles étaient étendues en couche mince, puis mises en sac le soir même et enlevées pendant la nuit.

Pour extraire le parfum des fleurs, il fallait distiller. Le produit obtenu était le NEROLI. Le résidu d’eau parfumée dans l’alambic était commercialisé sous le nom d’Eau de fleurs d’Oranger.

Il avait appris aussi que les déchets de taille des arbres donnaient après distillation une essence dite  petit grain.”

Les fruits du bigaradier  étaient cueillis encore verts entre août et décembre.  L’écorce du fruit, retirée en lanières spiralées, donnait après distillation l’essence d’orange amère vendue aux fabriquants de liqueur.

On séchait aussi l’écorce pour l’expédier à l’étranger.

Mon père négligea peu à peu les bigaradiers qui reprirent leur habitudes sauvages.

Ma mère appris la recette d’un apéritif à base de vin rouge, blanc ou rosé qu’elle expérimenta avec des variantes plus ou moins inspirées : oranges entières macérées, écorces séchées au four, vanille  ou ajout de citrons.... Les amis de passage avaient droit à un petit verre d'apéro maison, même le facteur lorsqu'il apportait un colis !

La feuille d’oranger était devenue traditionnelle dans le riz au lait des soirées d’hiver.

Seule dans mon coin, je préparais de savants mélanges floraux dans des bouteilles de lait consignées. J’exposais mes mixtures au soleil dans l’espoir d’obtenir par enchantement, un parfum pour moi seule.



samedi 29 novembre 2008

MON JARDIN D'ENFANCE




L’agave  américaine en fleur 


Il y avait dans le jardin sauvage, d’énormes agaves d’Amérique, des grises et des panachées de jaune. A cette époque, l’aloès comme on disait alors, peuplait les talus de chemin de fer. Ses formes généreuses et charnues , largement ouverte et étalées au soleil en faisait un ornement exotique très employé surtout par les nouveaux résidents. La mode était aux poteries garnies d’aloès, scellées sur les piliers du portail ou sur les murs de clôture . En fait ce que l’on appelait aloès était une agave dont la nature vigoureuse éclatait très vite les poteries. La racine charnue et blanche, au contact de la lumière donnait une ou plusieurs petites agaves qui en grandissant finissaient d’exploser leur contenant. 

Les plus prévoyants leur offrait ces pots de terre cuite  aménagés de trous comme les pots à fraisiers. C’était reculer l’inévitable. Après avoir logé ses petits dans les nids prévus à cette usage, les racines épaisses et serpentines après avoir  dévoré toute la terre nourricière, cherchaient vainement   une issue et poussaient tellement les flancs rebondis de la poterie qu’ils la brisaient sans merci. 

Leur floraison était une curiosité toujours renouvelée. Cette amarylidacée venue des Amériques décidait d’en finir en lançant vers le ciel une asperge  à la mesure de son désespoir. Cette tige, grosse comme une cuisse, atteignait trois mètres en quelques semaines et développait tout le long de son tronc des bouquets étagés, frangés de fleurs verdâtres. En même temps, l’agave épuisée par cette ultime érection, se flétrissait, jaunissait, perdait toute sa succulence pour ressembler à un vieux cuir racorni dont seules les épines restaient agressives. Il lui fallait bien 6 mois pour en finir, la déchéance était complète quand la tige floral penchait dangereusement puis touchait terre entraînant avec elle les restes de la bête.


Mon père s’attaquait alors au dépeçage,  croyant alors libérer le terrain de cette charogne piquante. A l’automne, on brûlait les restes non sans avoir préalablement tronçonné la tige florale pour un usage bien particulier. Ces morceaux étaient collectés pour l’usage qu’en faisaient les coiffeurs : ils y aiguisaient leur coupe-choux !


L’espace nettoyé , ne restait pas longtemps libre. Les racines souterraines, épaisses avaient donné naissance à une dizaine au moins de petites agaves qui pointaient leurs jeunes feuilles avec courage. et qui mettraient 20 à 25 ans pour fleurir à leur tour.  

J’aimais pardessus tout détacher les feuilles encore imbriquées les unes dans les autres, bravant ainsi les crochets redoutables. La feuille délivrée avant l’heure restait timidement enroulée sur elle même et laissait son empreinte vert tendre sur la feuille inférieure. décalque démarque plus clair sur le gris métallique.

Ce jeux était amusant sur les petites agaves, mais dangereux sur les grosses car cela demandait  un effort important pour arriver au décollage des feuilles.


L’agave d’Amérique poussait sur les talus et se plaisait particulièrement au bord de mer  accrochée en surplomb aux rochers des calanques. Élément incontournable de la carte postale, elle apportait sa note d’exotisme au paysage de la Cote d’Azur.

Les vacanciers avaient compris l’importance de son message et ne résistaient pas à l’envie de couvrir ses larges feuilles de messages sibyllins gravés à l’opinel dans sa chair juteuse : “ à Brigitte, Claudine ou Josette pour la vie” La dédicace était bien sûr agrémenté d’un coeur traversé d’une flèche. Les plus sauvages  tranchaient dans le vif, juste pour voir  de quelle chair elle était faite, comment c’était dedans, les plus timides inscrivaient la date de leur passage  : Août 1952.

L’agave, cicatrisait vite, et les écrits blanchissaient assurant ainsi aux vacanciers la pérennité de leurs amours, d’une année sur l’autre. 

Sur le sable, à la limite des jardins,  les grosses agaves étaient entourées de nombreux petits, encore dépendant de leurs racines nourricières. Les touristes curieux pouvaient  prélever les jeunes pour les ramener chez eux en témoignage de leurs fabuleuses vacances au soleil. 

Elles ne survivaient pas longtemps à des climats différents.  On leur offrait un pot  garni de riche terreau  et l’ arrosage régulier qui les ramollissait d’abord pour les pourrir ensuite irrémédiablement.  L’agave vit d’abord de lumière et de soleil. Une ou deux pluies par année suffisent à ses tissus pour stoker l’eau nécessaire à sa vie.  


Elle supporte très bien les petits coups de froids que nous réserve les mois de janvier et de février . Une année pourtant, c’était en février 1956, la neige tomba d’abondance.  J’ai encore en mémoire le souvenir de ce matin  : l’escalier de marbre disparaissait sous 40 cm de neige, les mimosas en fleurs pendaient jusqu’au sol sous son poids . Les chemins avaient disparu, les  eucalyptus étaient figés, le jardin n’avait plus que des formes incertaines.

Les agaves  dont les feuilles largement tartinées de neige ressemblaient à d’énormes pâtisseries  dépassaient seules de ce linceul.

La nuit qui suivit, le thermomètre descendit à -10. Ce fut la catastrophe, toute la végétation exotique, gorgée d’humidité ne résista pas. L’eau contenue dans les fibres gela éclatant irrémédiablement tous les tissus.

Le dégel  reste un souvenir épouvantable, les grandes agaves se ramollirent d’un coup. Comme un gros poulpe mort, elles se répandirent au sol. Puis  les feuilles pendantes fondirent en une glu verdâtre  qui se gâta très vite en une pourriture nauséabonde. 

Pendant quelques années on oublia les  encombrantes agaves. C’était faire abstraction de leur formidable puissance. En effet, les racines charnues les plus profondes avaient été épargnées par le gel. Elle se dirigèrent petit à petit vers la surface du sol réchauffé par l’été et donnèrent spontanément naissance à de nombreuses petites agaves. Bien sûr, il fallu attendre une bonne dizaine d’années pour que leurs enfants prennent  de l’ampleur. Le peuplement resta  longtemps modeste. La mode jardin des années 60 avait oublié l’exotisme de l’agave au profit d’une    géométrie rigoureuse,  bordée de sauges rouges et d’agératum du Mexique ou l’opus incertum délimitait des chemins plus importants que les massifs.


L’agave est à nouveau à la mode et c’est bien, nos jardins et nos paysages, après un retour pur et dur aux essences locales  et au caractère provençal, se tourne à nouveau vers la diversité végétale . nous continuons d’introduire des espèces venues d’ailleurs et l’agave orne  les jardins et déborde à nouveau sur les calanques aux rochers rouges. 


PLANTES DE PROVENCE



nom latin : Viola odorata    

Famille :VIOLACÉES


La violette odorante aussi nommée violette des quatre saisons ou violette de tous les mois, parce qu’elle donne ses fleurs durant presque toute l’année, ne fut d’abord qu’une simple plante des champs, vivant à l’ombre des buissons et recherchée pour sa bonne odeur. Transportée dans nos jardins, les amateurs la recueillirent, la cultivèrent et la multiplièrent avec soin.  

C’ est une plante basse vivace, à rejets traçants . Les feuilles  sont en forme de coeur et légèrement gaufrées. Les fleurs portées par de longs pédoncules  sont simples, ou doubles pour celles dites de Parme.  La violette symbolise la pureté,  la discrétion,  le souvenir amoureux....  Vulcain, dieu forgeron, se parfuma à la violette  et réussit à prendre un baiser à Vénus....

En Méditerranée, cette petite fleur est utilisée depuis plus de 2000 ans pour son essence parfumée.   Dans le midi on la cultive encore  pour l’industrie des parfums. Les horticulteurs spécialisés dans cette culture s’appellent violettiers . Ils vendent les violettes en bottes aux fleuristes dès Octobre, puis  à la distillerie de Janvier à Avril. Jadis, les feuilles fauchées en fin de saison servaient  de fourrage. Les vaches donnaient après avoir brouté ce feuillage un lait délicatement parfumé.... 

Dans la Rome ancienne, lors de cérémonies et des fêtes, on   aromatisait le vin à la violette.  Une guirlande de ces fleurs,  posée sur la tête, était sensée rafraîchir et aider à la sobriété... Au XIXe siècle, l’extrait de violette entre dans la préparation des poudres, savons, vinaigres, extraits et cold-cream. On en parfumait aussi le tabac à priser mais pour beaucoup d’entre nous c’est le  doux parfum de la poudre de riz de nos grands-mères.

La confiserie  cristallise la fleur,   emprisonnant son parfum dans un linceul de sucre croquant, spécialité de l’arrière pays niçois. 


AU JARDIN:


La violette appartient  à tous les pays et à toutes les altitudes, dans le midi, c’est une culture hivernale, la plante ayant besoin de la sécheresse estivale pour son repos afin de reprendre sa végétation aux premières pluies d’automne. On la cultive sous le couvert des oliviers ou des orangers. Ailleurs, avant l’apparition des tunnels, on  protégeait les plantations des rayonnements nocturnes et des vents froids par paillassons ou des châssis vitrés.

Il est donc évident que cette fleur historique doit trouver sa place dans le jardin le plus modeste. Native des sous-bois, elle apprécie un sol riche en humus, mais une fois installée, on a la surprise de la voir se répandre, un peu partout et surtout en plein soleil !  

Procurez vous des ‘coulants’  auprès d’un ami jardinier et installez les au frais sous l’ombre tamisée des arbustes. Achetez quelques pieds de variétés originales, roses, bleues, blanches tiquetées de mauve aux noms charmants : ‘gracilis’,  ’Coeur d’Alsace’, ‘De Bruneau’, ‘Blanche de Chevreuse’,  ‘Perle rose’, Czar blanc’,  Victoria, ‘ Princesse Béatrice’,   ‘Baronne Alice de Rotchild’.......

Vous ne regretterez jamais ce modeste investissement.  Certaines fleurissent   dès Octobre, et jusqu’à la fin Avril leur parfum insinuant  guidera votre tour du jardin .

Chez moi je n’ai jamais réussi à les faire pousser en bordure, elles s’échappent dans les endroits les plus inattendus. C’est ainsi que je les aime, fantasques , se mariant les unes aux autres, renaissant de tous les tons, du violet d’encre au rose vineux, du blanc au Parme tendre, me surprenant par leur installation inattendue sous une acanthe, au pied d’un épineux rosier, ou bien au beau milieu d’une potée de géranium ! 

Conseil : si vos violettes après la canicule estivale sont tristes et desséchées, pas de panique, faites leur une coupe très, très courte, aux ciseaux et couvrez les d’une pelletée de compost maison. Elles seront en pleine forme dès le mois d’octobre et arboreront un feuillage neuf et sain autour des premières fleurs.


SECRETS DE  JARDINIÈRE : 

La violette fait partie des plantes médicinales anciennes, très employée au moyen âge dans les remèdes adoucissants. Les fleurs sont calmantes, béchiques, rafraîchissantes, légèrement laxatives et émollientes.

‘Au printemps, manger la première violette rencontrée protège des fièvres...’

La violette entre dans la composition de la tisane des quatre fleurs pectorales 

( qui en comprend 6 !) bouillon blanc, coquelicot, guimauve, tussilage, pied de chat et violette)  prescrite pour soigner les rhumes, les bronchites et les fièvres. Les apothicaires confectionnaient aussi du sucre violat, du sirop de violettes, de l’huile violat.  

Je prépare le sirop de violettes lorsque leur floraison est particulièrement généreuse. 

Santé : l’ élixir violet  

Il faut cueillir 100 g  de fleurs et de belles feuilles (pas plus de 10% de feuilles). Je les ébouillante avec un litre d'eau et je les laisse infuser 24 heures. Après avoir les avoir triturées et pressées , je filtre le jus violacé. J’ajoute 1,5 kg de sucre et je laisse mijoter doucement au bain-marie en remuant constamment. J'arrête la cuisson lorsque la consistance est devenue bien sirupeuse ; mon élixir violet  est ensuite mis en flacons .

Ses usages sont divers  :  

Je l’utilise pour colorer le gâteau de semoule ou de riz,  

Une giclée donne aux glaces un aspect étrange et derrangeant

Un cuiller de cet élixir adoucit la voix  en cas d’irritation de la gorge


Un peu de magie : 

Avec les enfants, je  propose l’expérience suivante :

Ils écrasent dans un mortier des fleurs  jusqu’à l’obtention d’une pommade violette.  En versant quelques gouttes de vinaigre sur le mélange il devient d’un très beau rouge. Ce mystère mis sur le compte de mes dons de sorcière est en fait la réaction du colorant bleu, la cyanine qui rougit sous l’effet de l’acide. La surprise est assurée !


Le poète a dit :

“Je suis en ce moment étendu sur un gazon parsemé de violettes, sous un grand chêne qui m’abrite du soleil ; je n’imagine rien qui puisse me décider à quitter cette position.  Je suis sur le dos, enfoncé dans l’herbe plus d’à moitié ; mes deux bras croisés derrière ma tête la tiennent un peu élevée...”

Alphonse Karr, Lettres écrites de mon jardin  - 1853



vendredi 28 novembre 2008

MON JARDIN D'ENFANCE


L’eucalyptus médicinal ou Gommier bleu



C’est un arbre que l’on ne remarque pas tout de suite lorsqu’on est enfant tant il est grand. On peut passer près de lui sans le voir, il ne fait pas d’ombre au jardin  et sa ramure  fantasque  si haut perchée se signale seulement les jours de grand vent.


Le jardin de mon enfance en  abritait un dont les troncs jumeaux s’éloignaient l’un de l’autre  à mesure qu’ils s’élevaient vers le ciel. Il n’attira pas mon attention tout de suite, mes observations et mes joies enfantines restant au ras des petites fleurs bordant les  allées.


Mon père nous le  présenta avec respect : “c’est un médicinal !”

Il avait dû apprendre la particularité de notre eucalyptus auprès du voisin , pharmacien à la ville. Il nous expliqua que ce arbre venue d’Australie soignait les fièvres, chassait les moustiques, et sauvait des familles entières de la bronchite catarrheuse.


C’est avec respect et admiration que je rendis visite quotidiennement à l’arbre médecin. 

Après quelques semaines de rencontres régulières, il me parût assez familier  et je pris un plaisir particulier à l’enserrer de mes deux bras en renversant la tête vers son sommet. Cela me procurait une sorte de vertige assez agréable.

 

Plus familièrement,  je caressais les troncs puissants  dont l’écorce fine pelait en fin lambeau. J’aimais les arracher doucement,  pour laisser apparaître la peau . En se détachant, l’écorce découvrait une peau lisse et neuve, un peu rosée , tout comme celle que libérait le sparadra de mes genoux perpétuellement couronnés.


Plus tard, enhardie par sa fréquentation quotidienne, je décollais un peu l’écorce avec mon canif, pour ensuite la tirer d’un coup sec en la soulevant jusqu’à hauteur de ma tête, détachant sauvagement sa vieille peau rugueuse. Je me fabriquais alors des bracelets sauvages, d’un bout d’écorce roulée,  fermée d’une brindille piquée dessus  - dessous. 


Avec ses fruits, en forme de petite toupie, d’un vert pruiné, comme saupoudré de farine, je confectionnais des colliers barbares en les nouant l’un après l’autre sur un cordonnet. La parure, odorante et  poisseuse faisait son petit effet  sur mes cousins facilement admiratifs.

Autour du tronc de l’eucalyptus, rien ne poussait, même les puissantes acanthes se tenaient à distance respectable et je pouvais, à loisir, inventer des danses tribales autour de son tronc bifide.

Le grand sorcier couvrait le sol alentours des feuilles ôtées à sa coiffe de verdure,   empoisonnant le sol de leur essence balsamique. Aucune petite fleur, aucune herbe ne s’aventurait à  germer à ses pieds.  Royal et solitaire, il marquait ainsi  son territoire, décourageant d’avance toute promiscuité. 

Une nuit d’hiver, un mistral terrible souffla toute la nuit.  Une sorte de miaulement gigantesque suivit de frottements sourds et angoissants réveilla toute la maison. Quelle bête malade, quel oiseau étrange , quel chat amoureux, pouvait gémir avec autant de désespoir et de constance ?

A vrai dire, nous n’étions pas très fiers et mon père vérifia plusieurs fois la fermeture des portes de la maison. 


Au matin, le mistral n’avait rien perdu de sa vigueur. Le ciel  balayé dans tous les coins, débarbouillé de toute trace  de nuage, était éblouissant de lumière. Dans sa folie ménagère, le vent du nord secouait avec force  l’eucalyptus. Les branches emmêlées par son ardeur, se débarrassaient à chaque bourrasque, dans une friction  sauvage, de leur lambeaux de vieille écorce, de leurs fruits secs, de leurs jeunes branches trop fragiles.

Manoeuvrées sans ménagement, elles s’entremelaient , puis se séparaient     dans un long gémissement presque douloureux.

C’était la plainte continue de l’arbre , tordu par le mistral qui avait troublé notre sommeil.

Au pied de l’arbre, un incroyable fouillis s’accumulait. Quelques branches mortes, quantité de brindilles, et surtout ce qui me fascinait , les lambeaux d’écorce roulés sur eux mêmes, desquamations odorantes , dépouille encore  tiède du combattant de la nuit.

Les fruits,  grosses capsules à quatre côtes, finissaient dans la vieille casserole à infusions qui mijotait sur le coin de la cuisinière. 

Les feuilles en forme de faux,  avaient elles aussi un usage thérapeutique : déposées sur  le dessus du fourneau, elles se tortillaient, exsudant leur précieuse huile odoriférante qui nous protégerait de tous les maux pendant la mauvaise saison.


Malgré toutes ces précautions,  il pouvait arriver que l’un de nous  s’enrhume. Avant d’appeler le médecin, on ne le dérange pas pour rien, nous avions droit à l’inahalation de feuilles d’eucalyptus. 

Une grosse poignée de feuilles fraîches brisées était mise à infuser dans un grand bol. La tête recouverte d’une épaisse serviette éponge, il fallait respirer avec application les vapeurs grasses et un peu écoeurantes du bel eucalyptus.  

Lorsque malgré les soins, le rhume tournait à la bronchite, nous avions droit aux préparations pharmaceutiques du voisin. Il élaborait dans son officine, un sirop à base de thérébentine, d’eucalyptol et de bien d’autres essences inconnues. Une bouteille de verre blanc au bouchon vissé  contenait le précieux sirop ambré. Une étiquette d’écolier portait à l’encre violette le nom du malade et le n° de référence de la composition magistrale.

A vrai dire, ce breuvage était réservé aux adultes, mais dans les cas sérieux, il nous était permis d’en siroter quelques cuillers. Souvenir brûlant et parfumé à la limite de l’écoeurement. J’avais l’impression d’avaler la sève de l’arbre tout entier. Nous préférions tout de même cette médication exceptionnelle à l’humiliant   traitement  par suppositoires à l’eucalyptol.



Un hiver, le gros vent d’est souffla  avec violence. Au matin les bourrasques avaient fait silence et cédé la place à la pluie. Le jardin silencieux se remettait de sa folle nuit. En sortant de la maison, nous vîmes l’étendue du désastre. Un des troncs jumeaux de l’eucalyptus, le plus étoffé à sa cime, touchait  terre. Tordu, déchiqueté  à mi-hauteur, il dénudait une chair aux fibres longues et tendres. Il n’avait pas cassé, mais après une nuit de lutte, lui qui tenait tête au Mistral, avait cédé aux coups de butoir de la tempête d’Est. Encore retenu par sa chair effilochée, il pendait lamentablement jusqu’au sol. 

Mon père entrepris la coupe du tronc , à deux mètres du sol, bien au dessous de la blessure fatale. Le bois  se laissa tronçonner facilement bien que sa sciure encrassa vite les dents de la scie. Le tronc dépecé, les morceaux furent brûlés  le soir même dans la cheminée. La sève bouillonnait et moussait    aux extrémités de la bûche en gémissant, comme un reproche à notre empressement.


Mon arbre avait une drôle d’allure après cette amputation. Au  printemps suivant, de drôles de bourgeonnement cernèrent le moignon. Des feuilles rondes et grises se développèrent comme pour camoufler la plaie. En une saison, les tendres pousses étaient devenues de solides  branches de plus de 3 m ! 

Ses feuilles  rondes et argentées faisaient place au cours de la croissance    à d’autres,  lancéolées, étroites et aiguës, courbées à la façon du fer d’une faux. La couleur métallique  de ce feuillage toujours agité se découpait violemment sur le bleu naïf du ciel. 

En plein été, lorsque le soleil cuisait tout le jardin, il  n’offrait même pas d’ombre à ses voisins. Les feuilles pendantes,  luisantes d’huile intimement suintée, se tournaient suivant la course du soleil , n’offrant que leur mince profil afin de limiter leur déshydratation.


J’avais observé sa continuelle floraison au sommet : bouquets de curieuses fleurs blanchâtre dont l’éclosion commençait dès décembre. Le bouton floral, en forme de petite toupie, en  s’ouvrant  projetait son opercule et  libérait alors un gros bouquet d’étamines soyeuses. Le sol était parsemé  de petits couvercles pointus recouverts d’une pruine grise odorante. Les abeilles, en mal de butin en cette saison, s’acharnaient à piller en un bourdonement continu  ces fleurs exotiques. Au sol, un tapis d’étamines brisées témoignait de leur ardeur au travail.


J’aimais déjà cet arbre et j’appris à le connaître. 

L’eucalyptus est une introduction  de fraîche date. Il était arrivé sur la Côte d’Azur seulement un petit siècle avant moi et pourtant on le trouvait déjà dans tous les jardins   où ses vigoureuses racines pompaient avec avidité  les eaux usées  s’écoulant dans les puits perdus. 

Avec une belle santé, il  cabossait bien vite les allées de ses racines cagneuses et soulevait avec sans gêne les l’enpierrement des terrasses à la recherche d’un peu d’humidité. On lui pardonnait ses excès car il était considéré comme un arbre “antiseptique”. La grande transpiration de son feuillage immense soumis à une lumière intense était reconnu pour assainir l’air et chasser les moustiques inoculateurs des fièvres paludééennes.

Le goût de l’exotisme aidant, on leur trouva bien vite un intérêt commercial. Les branches ornées de boutons floraux  furent collectées pour le commerce de la fleur coupée. Expédiées dans toute l’Europe, elles avaient un certain succès. De nos jours, on commercialise encore des bottes de tiges défeuillées dont les boutons immatures et pruinés de gris,   sont utilisés dans les bouquets de fin d’année. Son feuillage juvénile  est récolté pour le commerce de la fleur coupée.