samedi 29 novembre 2008

PLANTES DE PROVENCE



nom latin : Viola odorata    

Famille :VIOLACÉES


La violette odorante aussi nommée violette des quatre saisons ou violette de tous les mois, parce qu’elle donne ses fleurs durant presque toute l’année, ne fut d’abord qu’une simple plante des champs, vivant à l’ombre des buissons et recherchée pour sa bonne odeur. Transportée dans nos jardins, les amateurs la recueillirent, la cultivèrent et la multiplièrent avec soin.  

C’ est une plante basse vivace, à rejets traçants . Les feuilles  sont en forme de coeur et légèrement gaufrées. Les fleurs portées par de longs pédoncules  sont simples, ou doubles pour celles dites de Parme.  La violette symbolise la pureté,  la discrétion,  le souvenir amoureux....  Vulcain, dieu forgeron, se parfuma à la violette  et réussit à prendre un baiser à Vénus....

En Méditerranée, cette petite fleur est utilisée depuis plus de 2000 ans pour son essence parfumée.   Dans le midi on la cultive encore  pour l’industrie des parfums. Les horticulteurs spécialisés dans cette culture s’appellent violettiers . Ils vendent les violettes en bottes aux fleuristes dès Octobre, puis  à la distillerie de Janvier à Avril. Jadis, les feuilles fauchées en fin de saison servaient  de fourrage. Les vaches donnaient après avoir brouté ce feuillage un lait délicatement parfumé.... 

Dans la Rome ancienne, lors de cérémonies et des fêtes, on   aromatisait le vin à la violette.  Une guirlande de ces fleurs,  posée sur la tête, était sensée rafraîchir et aider à la sobriété... Au XIXe siècle, l’extrait de violette entre dans la préparation des poudres, savons, vinaigres, extraits et cold-cream. On en parfumait aussi le tabac à priser mais pour beaucoup d’entre nous c’est le  doux parfum de la poudre de riz de nos grands-mères.

La confiserie  cristallise la fleur,   emprisonnant son parfum dans un linceul de sucre croquant, spécialité de l’arrière pays niçois. 


AU JARDIN:


La violette appartient  à tous les pays et à toutes les altitudes, dans le midi, c’est une culture hivernale, la plante ayant besoin de la sécheresse estivale pour son repos afin de reprendre sa végétation aux premières pluies d’automne. On la cultive sous le couvert des oliviers ou des orangers. Ailleurs, avant l’apparition des tunnels, on  protégeait les plantations des rayonnements nocturnes et des vents froids par paillassons ou des châssis vitrés.

Il est donc évident que cette fleur historique doit trouver sa place dans le jardin le plus modeste. Native des sous-bois, elle apprécie un sol riche en humus, mais une fois installée, on a la surprise de la voir se répandre, un peu partout et surtout en plein soleil !  

Procurez vous des ‘coulants’  auprès d’un ami jardinier et installez les au frais sous l’ombre tamisée des arbustes. Achetez quelques pieds de variétés originales, roses, bleues, blanches tiquetées de mauve aux noms charmants : ‘gracilis’,  ’Coeur d’Alsace’, ‘De Bruneau’, ‘Blanche de Chevreuse’,  ‘Perle rose’, Czar blanc’,  Victoria, ‘ Princesse Béatrice’,   ‘Baronne Alice de Rotchild’.......

Vous ne regretterez jamais ce modeste investissement.  Certaines fleurissent   dès Octobre, et jusqu’à la fin Avril leur parfum insinuant  guidera votre tour du jardin .

Chez moi je n’ai jamais réussi à les faire pousser en bordure, elles s’échappent dans les endroits les plus inattendus. C’est ainsi que je les aime, fantasques , se mariant les unes aux autres, renaissant de tous les tons, du violet d’encre au rose vineux, du blanc au Parme tendre, me surprenant par leur installation inattendue sous une acanthe, au pied d’un épineux rosier, ou bien au beau milieu d’une potée de géranium ! 

Conseil : si vos violettes après la canicule estivale sont tristes et desséchées, pas de panique, faites leur une coupe très, très courte, aux ciseaux et couvrez les d’une pelletée de compost maison. Elles seront en pleine forme dès le mois d’octobre et arboreront un feuillage neuf et sain autour des premières fleurs.


SECRETS DE  JARDINIÈRE : 

La violette fait partie des plantes médicinales anciennes, très employée au moyen âge dans les remèdes adoucissants. Les fleurs sont calmantes, béchiques, rafraîchissantes, légèrement laxatives et émollientes.

‘Au printemps, manger la première violette rencontrée protège des fièvres...’

La violette entre dans la composition de la tisane des quatre fleurs pectorales 

( qui en comprend 6 !) bouillon blanc, coquelicot, guimauve, tussilage, pied de chat et violette)  prescrite pour soigner les rhumes, les bronchites et les fièvres. Les apothicaires confectionnaient aussi du sucre violat, du sirop de violettes, de l’huile violat.  

Je prépare le sirop de violettes lorsque leur floraison est particulièrement généreuse. 

Santé : l’ élixir violet  

Il faut cueillir 100 g  de fleurs et de belles feuilles (pas plus de 10% de feuilles). Je les ébouillante avec un litre d'eau et je les laisse infuser 24 heures. Après avoir les avoir triturées et pressées , je filtre le jus violacé. J’ajoute 1,5 kg de sucre et je laisse mijoter doucement au bain-marie en remuant constamment. J'arrête la cuisson lorsque la consistance est devenue bien sirupeuse ; mon élixir violet  est ensuite mis en flacons .

Ses usages sont divers  :  

Je l’utilise pour colorer le gâteau de semoule ou de riz,  

Une giclée donne aux glaces un aspect étrange et derrangeant

Un cuiller de cet élixir adoucit la voix  en cas d’irritation de la gorge


Un peu de magie : 

Avec les enfants, je  propose l’expérience suivante :

Ils écrasent dans un mortier des fleurs  jusqu’à l’obtention d’une pommade violette.  En versant quelques gouttes de vinaigre sur le mélange il devient d’un très beau rouge. Ce mystère mis sur le compte de mes dons de sorcière est en fait la réaction du colorant bleu, la cyanine qui rougit sous l’effet de l’acide. La surprise est assurée !


Le poète a dit :

“Je suis en ce moment étendu sur un gazon parsemé de violettes, sous un grand chêne qui m’abrite du soleil ; je n’imagine rien qui puisse me décider à quitter cette position.  Je suis sur le dos, enfoncé dans l’herbe plus d’à moitié ; mes deux bras croisés derrière ma tête la tiennent un peu élevée...”

Alphonse Karr, Lettres écrites de mon jardin  - 1853



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